J'ai accouché sans péridurale - Récit d'accouchement n°1

J'ai accouché sans péridurale - Récit d'accouchement n°1

Il y a presque quatre ans, je m’apprêtais à donner naissance à mon premier bébé. Une grossesse fortement désirée et qui se passait bien. Dès le début, j’ai eu cette envie, un peu folle pour certains : accoucher sans péridurale… Moi ce qui me faisait peur, ce n’était pas la douleur de l’accouchement, mais la pose d’une péridurale. Cette peur était le point de départ de mon envie d’accouchement sans anesthésie, mais plus j’avançais dans ma grossesse, plus je me renseignais, plus je me préparais et plus j’en découvrais les points positifs.

Vient le moment de se préparer. Se préparer au grand jour de l’accouchement. J’avais décidé de contacter une sage-femme. Au premier rendez-vous, elle m’a demandé mon projet, mes envies pour mon accouchement. Je lui ai fait part de mon envie d’essayer d’accoucher sans péridurale. Je dis bien essayer, car j’avais bien conscience qu’on ne peut pas tout anticiper car on ne sait pas comment les choses vont se dérouler.

Pour être plus précise, mon projet était de faire le maximum du travail à la maison et de repousser le moment d’une éventuelle péridurale le plus possible, voire de ne pas l’avoir. Pour me préparer au mieux, ma sage-femme m’a proposé des cours spécifiques.

J’ai commencé par découvrir la méthode Bonapace. Cette méthode permet d’avoir des clés pour gérer la douleur des contractions par le mouvement, le massage, la pression digitale, la relaxation. Et surtout, elle implique le co-parent, ce qui était important pour moi. Mon mari m’accompagnait à quelques séances de préparation afin qu’il ait directement les informations et qu’il s’entraîne lui aussi pour le grand jour !
Ma sage-femme m’avait aussi fait part des différentes positions, notamment des positions dîtes physiologiques. Elle m’avait aussi expliqué la physiologie de l’accouchement pour que je sache ce qui allait se passer au moment donné.

J’étais assez sereine par rapport à l’accouchement car je me sentais bien accompagnée. Je me disais que peu importe comment cela se passerait, que j’allais être bien entourée et en sécurité.

Le jour de mon rendez-vous obligatoire avec l’anesthésiste, qui était un homme assez âgé, je lui ai fait part de mon projet. C’est alors qu’il m’a dit en riant, « Vous verrez, le jour de votre accouchement, vous ferez comme tout le monde, vous la prendrez la péridurale. ». Sur le coup, je n’ai pas su quoi dire. J’ai souri, et c’est tout. J’étais tellement surprise d’entendre cela d’un médecin et par la suite tellement révoltée du manque de bienveillance à mon égard. Rire de mon projet, le balayer de la main… Pour lui je n’étais qu’un rendez-vous parmi d’autres, pour moi entendre cela me faisait remettre en question ma capacité à accoucher sans péridurale. Et puis, dans le même genre, il y avait les interventions de l’entourage et les récits d’accouchements que je lisais sur internet et qui ne m’aidaient pas.
Globalement, ce que j’entendais, c’était « Tu n’as pas connu cette douleur, tu ne peux pas l’imaginer, tu n’y arriveras pas ». Heureusement, j’avais le soutien de ma sage-femme et surtout, de mon mari.

« Le 5 décembre 2019, veille de mon terme, dans la soirée, je commence à ressentir des contractions que je n’avais jamais ressenties avant. Jusqu’ici j’avais un col bien fermé et pas de contraction.
Je commence à les chronométrer; environ 45 secondes toutes les 5/10 minutes. Elles sont douloureuses mais gérables. Je le sens, c’est du vrai travail, je vais accoucher d’ici peu. Mais comme convenu dans mon projet de naissance, je ne me précipite pas à la maternité. Je réveille mon mari, je continue à surveiller mes contractions. Elles s’intensifient assez vite et deviennent de plus en plus longues et régulières.
La douleur est intense. C’est vrai, je n’avais jamais ressenti une douleur aussi extrême. Mon mari commence à essayer de mettre en place ce que l’on avait appris en cours de préparation. Mais je ne veux pas. Voilà comment j’ai géré ma douleur. Seule. Je voulais être seule, ne parler et ne voir personne.

Je me mettais dans ma bulle.

Les contractions durent au moins une minute toutes les 4/5 minutes. Je décide de prendre une douche avant de partir à la maternité. Autant que je vous le dise, ça a été la douche la plus compliquée de ma vie. Au bout d’une bonne trentaine de minutes, je sors et demande à mon mari de m’aider à m’habiller. Une fois prête, je sens une poussée extrêmement forte et j’entends un « ploc ». J’ai perdu les eaux. Là dans ma chambre, à quelques minutes de rejoindre la maternité.

A partir de ce moment, je sens que je dois pousser. C’est plus fort que moi. Mon corps veut sortir ce bébé.

Je demande à mon mari de sortir la voiture et lui dit que je le rejoins. J’arrive à descendre les trois étages d’escaliers et monte dans la voiture

Nous filons à la maternité où je suis directement prise en charge en salle d’accouchement. Vérification de la sage-femme, col ouvert à 10 et bébé est déjà en train d’arriver. Quelques poussées et 15 minutes après être arrivée à la maternité, j’ai mon bébé, mon fils contre moi.

Le bonheur de le rencontrer, de le toucher, de le sentir… Et aussi, la fierté d’avoir réussi mon projet. Je l’ai fait, j’ai accouché sans péridurale ! »

A toutes les femmes qui ont l’envie d’essayer d’accoucher sans anesthésie, allez-y ! Gardez bien en tête que vous pourrez changer d’avis si besoin le jour J, ce n’est pas une honte de demander à être soulagée de la douleur.
Renseignez-vous, faîtes confiance à votre corps, il sait faire.
Vous êtes fortes et vous pouvez y arriver malgré tout ce que vous pourrez entendre.